3.6.11

Y aurait-il des coups de bâtons qui se perdent?

         
Le Parisien, ainsi que le site internet Rue 89 ont rapporté une bien étrange et désastreuse initiative de collaboration entre le ministère de l'éducation nationale et celui de la défense.


Il s'est agit d'envoyer une quinzaine d'adolescents ayant intégré un ERS (Etablissement de réinsertion scolaire)  effectuer leur stage d'immersion en entreprise, dans un lieu pour le moins atypique, à savoir une caserne militaire....Cela pourrait être on ne peut plus anodins. Et pourtant, les choses sont pour le moins étranges...
Dans la semaine du 2 au 6 mai 2011, des collègiens, qui tous pour la plupart s'étaient vu exclure au moins une fois pour des motifs qu'on imagine être des manquement à la discipline, ont donc épousé la vie, les tâches, les moeurs d'une caserne...Mais, vous imaginez la suite, rien ne s'est passé comme prévus. Rétifs à toute forme d'autorité, nos apprentis militaires ne se sont pas laissés faire, et ont fait preuve vraisemblablement de beaucoup de laisser aller, ou d'insubordination. Voici quelques extraits de l'article de Rue 89 paru en ligne le 23 mai 2011:

Car le principe d'une immersion a été respecté à la lettre : uniforme pour tout le monde, y compris pour le personnel présent sur le terrain (dont une psychologue scolaire ! ), réveil à 5h30 du matin, garde-à-vous, hymne national, travaux d'intérêt général, apprentissage du code du soldat, parcours d'obstacles, marche à pied…

Ce fut une semaine émaillée d'incidents, d'altercations entre les élèves eux-mêmes, entre les élèves et les gradés. Insultes, coups, menaces. « C'était très difficilement gérable », reconnait même un gradé dans Le Parisien.

Dès le deuxième jour de stage, une journaliste de télévision qui devait tourner un reportage toute la semaine sur cette expérience s'est vue refuser la possibilité de rentrer dans la caserne.
Un tel fiasco n'avait apparemment pas été prévu ni par l'armée, ni par l'Education nationale qui avaient donné au départ l'autorisation de filmer largement pour mettre ainsi en avant un projet académique innovant."
      Bien évidemment a postériori, on peut toujours se gausser en disant qu'un tél évènement était à prévoir. Tout comme sa reprise par les sites internet d'extrême droite, qui crient haut et fort que cette tentative d'assimilation avortée aux valeurs de la république n'est que l'illustration parfaite de l'innassimilabilité des immigrés et enfants d'immigrés dans leur ensemble.
      Mais, je persiste et signe, en écrivant, que le fiasco de cette expérimentation était à prévoir, d'autant qu'il était impossible pour les officiers de faire d'appliquer les sanctions prévus dans leur règlement aux collégiens, puisq'ils ne faisaient pas partie du corps de l'armée. Il me semble que cette aventure, qui je l'espère sera unique, a été désastreuse, car elle sape le moral et l'estime de ces collégiens, qui une nouvelle fois, sont mis en situation d'échec. Elle déstabilise aussi dangereusement le personnel enseignant qui avait été embrigadé dans cette épreuve, et le décrédibilise encore plus aux yeux des collégiens accompagnés, et qu'il cotoie encore jusqu'à la fin de l'année. Ces jeunes en échec scolaire, et sur des trajectoires déjà chaotiques, ont perdu le goût de l'école, le goût de la réussite basée sur leurs propres compétences, car l'école leur martèle qu'ils n'en ont aucune. Une fois de plus, lors de cette semaine, ils ont constaté leurs écueils...

        Je trouve ce type d'éxpérience dommageable car cela porte préjudice à d'autres formes d'accompagnement, tels que l'école de la 2e chance, qui s'est constituée en réseau national ou en core l'EPIDE.

               L'E2C accueille des jeunes de 16 à 25 ans révolus, sortis du système scolaire, sans diplôme. Au sein de classe de 5 à 12 élèves, on revoit les grandes lignes des programmes scolaires, on est en lien avec un chargé d'insertion pour travailler sur des savoir-être, des savoir-faire, un projet professionnel, on fait des stages, on s'appuie sur un réseau de partenaires publics et privés... 

                                                    
                                                            Portrait d'une jeune qui en est issue 

              L'EPIDE, Etablissment Public d'Insertion de la Défense, pourrait se rapprocher de l'objectif visé par le stage d'immersion précité. A ce détail près qu'il reçoit et sélectionne des jeunes qui ont fait la démarche VOLONTAIRE de joindre ses rangs, filles ou garçons. Après un parcours cahotique, et la claque du monde des adultes, qui ne fait pas de cadeaux à ceux qui n'ont pas ou peu de qualification, les jeunes sont soulagés de retrouver là-bas un cadre, une possibilité de rebondir. 



Plus d'infos sur les sites respectifs des 2 organismes, qui ont pour objectifs de faire sortir la tête de l'eau à des jeunes avec de faibles qualifications, et de repartir sur des bases nouvelles. Ce sont deux formes d'aide, qui demandent des moyens, un gros travail de réflexion en amont de la part des équipes encadrantes, et c'est sans doute de ça dont cette initiative de stage en immersion a manqué: de moyens et de hauteur... 

 Petit glossaire sur les ERS (source site du ministère de l'éducation):

 À qui s'adressent les ERS  ?

Les établissements de réinsertion scolaire s'adressent à des collégiens perturbateurs. Ils leur proposent une scolarisation aménagée pour les réinsérerdans un parcours de formation générale, technologique ou professionnelle.
Les élèves accueillis :
  • sont âgés de 13 à 16 ans
  • sont issus des classes de 5e, 4e et 3e
  • ont fait l'objet de multiples exclusions
  • peuvent être en situation d’absentéisme ou de déscolarisation
  • ne relèvent ni de l'enseignement spécialisé et adapté, ni d'un placement dans un cadre pénaL
A l'issue de l'année, une commission se réunit pour établir si le jeune pourra ou non réuintégrer une classe classique....

A votre avis, un jeune sur lequel on a fait planer l'étiquette de cas social, petit fauve, aura t-il de nouveau le goût de rejoindre un système classique qui lui renverra le même type d'image?

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