S'il est un destin, et une figure qui me semble devoir trôner au dessus de mon panthéon de la beauté noire, c'est bien la silhouette et le port altier d'Aya Cissoko.
Cette jeune femme à la peau ébène et au caractère bien trempé, a su faire mentir toutes les prédictions qu'on pouvait faire quant à sa destinée. D'origine malienne, ayant grandi dans les quartiers de Ménilmontant à Paris, avec toute sa petite famille, elle doit faire face dès sa plus tendre enfance à de multiples tragédies: la mort de son père et de sa soeur dans l'incendie de leur domicile. Quelques mois plus tard, son petit frère suivra la trace du père d'Aya en succombant à une méningite.
Cela en aurait dévasté et anéanti plus d'un. Mais Aya fait preuve de beaucoup de courage et de ténacité, en continuant son parcours de battante, bouche cousue et poings liés.
Elle s'éprend très tôt de passion pour la boxe, le ring et les défis. A force de courage, d'entraînements et de bravoure, elle se hisse au rang des meilleurs mondiales dans la catégorie boxe française en 1999, puis en 2003. Toujours à la recherche de nouveau défi, elle se lance alors dans la boxe anglaise en 2005, et arrache le titre de championne du monde en 2006 à son adversaire.
C'est dans cette ultime victoire qu'elle est victime d'une fracture aux cervicales, qui la forcera à dire adieu au ring! Après un combat long contre la douleur, elle aurait pu jeter l'éponge et se laisser aller à l'atermoiement... Mais c'était sans compter sur sa volonté de dépassement, sur son envie de transcender toutes les expériences, mêmes les plus indicibles.
C'est donc avec le soutien et la plume de Marie Desplechin qu'elle nous livre le récit de sa vie, de ses combats, qui l'ont amené aujourd'hui à vouloir transmettre, échanger, et s'élever. Aya a d'ailleurs repris le chemin de l'école, et pas des moindres, puisqu'elle a repris ses études et rejoint les rangs de Science Po Paris, avec dans l'idée d'être encore une fois là où on ne l'attend pas et de hisser un nouveau titre à son palmarès.
crédits photo le point.fr © Torregano / Sipa
Danbé, Aya Cissoko et Marie Desplechin, Edition Calman Lévy, Grand prix de l'héroïne Madame Figaro 2011
"Danbé" signifie Dignité en Malinké
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