Laure Calamy, Au moins j'aurais laissé un beau cadavre
Crédits photo le monde.fr
Pendant que je délaissais le blog, j'en ai profité pour vivre: aller voir des amies, manger au restaurant, aller au cinéma, et ALLER AU THEATRE.
Cela faisait plusieurs mois que je n'avais pas mis les pieds ni coté cour ni côté jardin. A vrai dire, la dernière fois, mon dos avait mis 2 semaines à s'en remettre.
J'ai sauté le pas et renoué avec d'anciennes amours en jetant mon dévolu sur
Au moins j'aurais laissé un beau cadavre de Vincent Macaigne, qui avait fait sensation au festival d'Avignon 2011.
Au programme ce soir...
Les critiques du journal local étaient particulièrement élogieuses, les bribes d'infos très rapidement glânées sur le net aussi (aujourd'hui vous pouvez vous faire une idée du spectacle grâce à Télérama, Le Monde, France Inter) En fait, j'aurais du me méfier. C'est suspect d'être ainsi adoubé par différentes églises du microcosme cultureux parisien!
Une pièce appréciée par les critiques
extrait du livret du spectacle
Posons rapidement le décor:
- Macaigne est un acteur et jeune metteur en scène qui a le vent en poupe et qui est auréolé d'une aura de "petit génie". Son crédo, le théâtre épique.
Pour faire vraiment très simple et schématique, le théâtre épique, c'est Brecht et Piscator. C'est un théâtre non pas du sentiment, mais de la raison, qui repose sur un phénomène de "distanciation" qui permet au spectateur de prendre du recul par rapport à ce qui se joue sur scène. C'est un théâtre de la rupture au service d'une critique sociale et politique.
Je vous vois venir d'ici..."boring, boring, boring"...Et bien, non, enfin pas pour les raisons que l'on croit.
- Macaigne revisite ici la tragédie d'Hamlet à sa sauce, en transposant dans une espèce de monde moderne et froid, à grands coups de corps, de cris, de sexe, de miasmes. Un décor industriel post ou pré-apocalyptique avec un cimetière et un préfabriqué suspendu dans les airs accompagnent le spectateur tout au long de cette loongue, très loooongue plongée dans la folie, et l'ignominie humaine.
crédits photos Festivalier.net
- La pièce dure 3h15 (avec un entracte d'un quart d'heure)
Franchement pas le genre de chose à me rebuter! Pour moi, c'est plutôt des défis scénaristiques que je m'attends à voir relever, et de belles prouesses de la part des comédiens...Pour info, je me rappelle avoir vu en 2003 une pièce en allemand surtitré Der Meister und Margarita qui durait 4h (mise en scène de Franck Castorf qui dirigeait la Volksbühne)! J'ai pris mon pied!
De l'outrance: des hurlements pendant la moitié voire les 3/4 de la pièce, un jeu sur l'illusion du réel assea fatiguant, deux scènes de coït notamment une dans la boue, puis dans une mare de terre, des fluides qui giclent sur le public à un rythme régulier, une scène de viol très longue, énormément de violence, des quintaux de glaire et des litres de faux sang, de la fumée qui envahit toute la salle, des confettis, des pétards, de l'argot, des "sales putes" et "grosse conne" à tour de bras...
Vous aimez les jeux du cirque? Vous en aurez pour votre argent!
Pour moi, une pièce longue et inégale
- Quelques moments de fulgurance et de beauté: deux monologues audibles et plein de grâce. Des décors qui demeurent d'une grande beauté et d'une belle puissance onirique (mais justement, il y en a trop, tout le temps...)
- On sent que Macaigne a travaillé pour le cinéma. Il y a un parti pris au niveau de la plasticité de l'ensemble, vraiment pas mal du tout. Mais il y a trop de tout. J'ai fini par passer près de 20 min à me questionner sur les jeux de lumière, plutôt que sur le jeu des acteurs.
- La 2e partie m'a semblé moins pire que la première. Peut-être parce que je m'étais habituée au grand cirque sur le plateau, et que j'avais perdu tout espoir de voir quelque chose de vraiment intéressant.
- Bon, j'ai été bien perdue. Pour moi, le grand mérite de tout le schmilblik, c'est que ça m'a donné envie de relire Hamlet de Shakespear. Juste pour voir et lire entre les lignes ce que le metteur en scène a trahi, et ce en quoi, il a été tout de même fidèle....Je ne peux même plus vous dire qui fait quoi...Il n'y avait pas d'intrigue. Les choses étaient présentées de façon a-chronologique!
J'ai trouvé l'ensemble d'une platitude sans fin. J'ai bien compris le parti pris de l'outrance, pour faire sortir le spectateur de son confort bourgeois. Mais, là, c'était l'overdose. Une heure en moins aurait peut-être été la bienvenue. Pour moi, rien de bien nouveau sous le soleil, sinon une bonne grosse caricature de ce que la mise en scène actuelle peut faire de mieux, et surtout de pire.
Un beau moment de théâtre contempoRIEN.
Un bon gros foutage de gueule!
Il y avait pas mal de scolaires dans la salle. J'ai trouvé fâcheux qu'on leur présente ça ainsi, que leur éducation artistique soit émaillée de"mise en scène de l'extrême" qui n'ai absolument rien à envier aux séries, vidéo youtube, jeux vidéos auxquels ils sont très tôt confrontés. Finalement entre leur "réel fantasmé" et cette mise en scène peu voire pas de frontières.
Et c'estpourtant une aficionado de True Blood qui vous parle! Un bout de sein qui dépasse, une pénétration suggérée et de l'autodérision ne me font pas peur! Mais quand c'est fait de façon intelligente, ça n'a pas le même effet sur moi.
Je me rapelle que pour moi, le théâtre, ado, était une lucarne vers d'autres visions du monde, vers des idées, vers des questionnements. C'était stimulant.
Pour moi, point d'autre conclusion avec Macaigne que
Consomme ta pièce de théâtre et Crève!
Ces partis pris du théâtre contemporain me fatiguent, et je pense réfléchir à deux fois avant de retourner dans un théâtre municipal, une scène nationale ou une maison de la culture.
Et vous, quels ont été vos expériences en matière de THEATRE? contemporain ou non?
Est ce que ça vous botte?
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