26.3.16

Diagnostic: Mon bébé sera un X-Men, mon bébé différent


Hier avait eu lieu la consultation chez le généticien de l'équipe du centre de diagnostic anténatal. C'est donc avec une certaine fébrilité que nous nous y sommes rendus mon compagnon et moi. Après les échanges convenus, place à l'interprétation, à l'évocation des pistes. Le professeur assigné au dossier a donc commencé son cérémonial. La mécanique de son côté semble bien huilée, et parfois elle se grippe. Je me souviens encore de la 1ere rencontre où il nous affirmait dans un sourire que dans 95% des cas, il n'y avait rien, et que les pathologies n'étaient mises au jour que dans 5% des cas. Je m'étais dit intérieurement, que ça me faisait une belle jambe et que je "chiais" sur les statistiques en bonne littéraires. ....Bim, nous voilà dans les 5 %. Il a commencé par dire, et bien "tout est n....", puis a suspendu sa phrase en ouvrant notre dossier.

Il a relu la lettre qu'il avait lui-même écrite il y près d'un mois, puis nous a lu le compte-rendu échographique, suite au scanner foetal passé cette semaine au CHU. Il a demandé à un autre généticien présent où en étaient les résultats de l'amniocentèse et du caryotype...Pas prêt, encore 2 à 4 semaines d'attente....Et moi pendant ce temps-là, je porte en moi un enfant atteint d'osteogènese imparfaite (OI). Ce nom étrange regroupe en fait un ensemble hétérogène de maladies rares, extrêmement différentes. Mais dans l'esprit du grand public, l'OI pour les intimes, c'est Petrucciani ou Guillaume Bats. L'OI a plusieurs formes, la plus sévère étant incompatible avec la vie. Pour le moment, aucun médecin n'est en mesure de nous dire qu'elle est la forme d'OI dont est atteint mon fils. Un vent d'optimisme souffle quand même...Et vous savez pourquoi?...
Et bien pardi, parce que moi aussi, je pourrais en être porteuse! Tiercé gagnant mes amis! Selon des hypothèses savantes, je pourrais en être atteinte, eu égard à quelques soucis de santé, que j'ai eu jeune. A mon échelle, j'ai eu une fracture à l'âge de la marche, des soucis de dos, et pas une constitution de wonderwoman. On suppose donc que j'ai la forme la moins sévère, même s'il n'y a pas d'autres éléments en ce sens. Pour en être sûre, il me faudra faire une ostéodensitométrie, pour mesurer la solidité de mes os. Tant que je suis enceinte, cet examen est exclu. A mon échelle, on m'a prévenu que je risquais autour de 45 ans de présenter la fragilité d'une femme de 70...Mazette quel programme!

Et en parlant de programme, on ne sait pas trop ce qui sera réservé à notre fils. Il est en effet impossible de prédire avec certitude s'il sera comme moi, peu géné, s'il sera de très petite taille, s'il pourra marcher ou passera sa vie en fauteuil. J'ai écumé déjà beaucoup de site d'informations en ligne à ce propos, car j'ai toujours eu ce diagnostic dans un coin de ma tête. Là, je suis fatiguée de ces sites alarmistes. On va donc essayer de finir la grossesse sans passer 8h/jour sur google.fr, google.en et Cie. Nous avons d'ores et déjà pris rendez-vous avec des chirurgiens orthopédiques, et nous allons nous pencher sur les aménagements souhaitables dans notre appartement.

Pour l'instant, je vais faire ma liste de naissance, pour accueillir au mieux mon loulou.

J'avais lu, notamment sur doctissimo, pas mal de témoignages de mamans, de couples, qui préféraient avoir recours à l'IMG. On préfère avec mon homme choisir la vie, avec toutes les surprises, les échecs, les sourires, les peines, l'incertitude qu'elle comporte.

Mon compagnon est d'une grande force mentale. Je puise dans son amour et sa confiance de l'espoir. Dans cette étrange histoire, je me dis que j'ai beaucoup de chance, de l'avoir lui, et de pouvoir prendre dans mes bras dans quelques mois un X-Men, un petit différent, avec des besoins spécifiques, et un cœur gros comme ça.


16.3.16

Mon amniocentèse à 27 Semaines - FAIT

Crédits photos Semainesgrosesses.com
Cette semaine, j'ai passé mon amniocentèse. Cette dernière m'était très vivement recommandée par mon gynécologue, et l'équipe du centre de diagnostique anténatal du CHU local, suite à la découverte de malformations sur mon bébé à l'écho du 5e mois.

Mon état d'esprit, celui du papa


A vrai dire, une petite voix me disait de ne pas la faire, par peur de la fausse couche, de faire du mal au bébé, par peur de voir se confirmer une très mauvaise nouvelle. Et puis finalement, avec le papa, on s'est décidé à suivre les recommandations médicales. Pour le père, qui est d'un naturel bien plus optimiste que moi, il s'agissait avant tout de nous permettre de poursuivre la grossesse en étant mois angoissés, de retrouver de la sérénité, de mettre des mots sur une éventuelle maladie, et de pouvoir établir rapidement une prise en charge à la naissance. J'essaie de parler avec lui, de ce qu'on fera après, une fois que le diagnostic sera posé, mais il élude à chaque fois. Pas de diagnostic, pas de plan sur la comète. Pour moi "nanisme", et "maladie des os de verre" sont devenus familiers, suite à mes pérégrinations en ligne.

Le jour J j'ai versé quelques larmes en me douchant, puis me suis ressaisis. Mon homme m'apercevant m'a enjoint à être plus forte, et plus sereine pour cet examen "banal".

Déroulement de l'examen en lui-même

En soi l'amniocentèse ( = le prélèvement de liquide amniotique) prend moins de 2 minutes. C'est finalement l'attente dans le hall d'accueil de l'hôpital, la vérification des éléments, puis les explications, et la phase de préparation qui sont les plus longues.
Il est possible de faire cet examen en cabinet libéral, ou en clinique, à l'hôpital. Pour ma part, je ne recommande pas de le faire en libéral. Les conditions d'hygiène sont en effet drastiques et primordiales! J'aurais plus été en panique en libéral...

Avant l'amnio

Une sage femme vous rappellera les conditions d'examen et vous fera signer différents documents de consentement.Un bracelet de reconnaissance vous sera remis.
Vous serez ensuite conduite dans la zone du bloc opératoire. On vous mènera en zone de déshabillage. C'est à ce moment-là que j'ai fait un énorme clin d'oeil à mon homme, qui était en train de s'assoupir, son I Phone à la main, bloqué sur la page de l'équipe.fr...Une grimace pour détendre l'atmosphère, et on est parti! Je me suis donc délestée de mes vêtements rapidement (heureusement, je n'avais pas mis mes bas de contention ce jour-là, sinon ça aurait pu durer 10 minutes), sauf soutien-gorge, culotte et chaussettes. Ensuite enfilage de 2 blouses (une déboutonnée vers l'avant, une autre vers l'arrière). J'ai trouvé bien cette étape...Le personnel ne souhaite pas qu'on se retrouve les fesses à l'air, et veut préserver en partie notre intimité. Plutôt bien vu! On poursuit l'opération transformation par enfilage de chaussons opératoires, et d'une charlotte. Est-il utile de préciser que bien sûr la charlotte était trop petite pour mon énorme tête surmontée d'un bun crépu? Les affaires sont laissées dans un vestiaire sécurisé.


L'amnio au bloc

A quelques pas se trouve les salles d'opération/salles de césarienne. C'est assez impressionnant! Des machines partout, un silence de mort. Mais le sourire de la gynéco, et de l'infirmière présentes me décrispent un peu. Elles m'expliquent pas à pas la procédure d'installation. Je grimpe sur une table d'opération chauffée. On me cale les jambes. Je suis prévenue que je dois coincée mes bras sous ma tête et ne surtout pas porter les mains à mon ventre pendant le prélèvement (réflexe de protection des mamans). On soulève mes 2 combinaisons et abaisse ma culotte (une fois sur la table, finie l'intimité) pour dégager la zone du délit. On fait une 1ere écho pour vérifier l'emplacement du bébé. Il y a pas mal de liquide à ce stade de la grossesse. Ce sera donc pour la gynéco un jeu d'enfant. Le mien a la tête en bas, lové du côté gauche de mon ventre. Il ne bouge pas trop, son petit coeur bat bien, mais il n'est pas dans sa phase, viva la samba.
On me badigeonne à 2 reprises de betadine, nombril itout. Attention...on y va! Je retiens mon souffle. L'appareil d'écho est rallumé et l'insertion se fait avec la visulisation du bébé in utéro. Je ne quitte pas cet écran des yeux pendant la procédure. L'aiguille ( que je préfère ne pas regarder, par peur de crier) s'enfonce à quelques centimètres de mon nombril. Je ressens une résistance, puis comme une décharge...C'est en fait une contraction de l'utérus, faite pour prévenir le bébé qu'il se passe quelque chose. Ce dernier, du coup, s'immobilise complètement. C'est vraiment une sensation incroyable....vous sentez toute une zone de votre corps en souffrance ( votre abdomen, chambre du bébé), et tout le reste (jambes tendues, souffle court, mâchoires serrées) est pris dans la spirale. Heureusement cela ne dure pas longtemps, le temps du prélèvement (moins d'une minute). Au moment de l'extraction de l'aiguille, vous sentez à nouveau une contraction...Et là seconde qui suit, on vous annonce que c'est finie. On vous désinfecte, nettoie. On vous montre le contenu prélevé. Je dirais que c'est l'équivalent d'un gros échantillon de gel douche d'hôtel, qu'on met précieusement dans une énorme enveloppe.
Je remercie balbutiante les 3 soignantes ( gynéco, infirmière du bloc, et sage-femme) d'avoir tout fait en ayant le sourire. Je présume que c'est une technique pour éviter  aux femmes de tomber dans les pommes avant. Et je repars pour retrouver mes vêtements de ville, mon homme, et une nouvelle aiguille.

Et une nouvelle aiguille...

L'état de notre bébé impose qu'on ajoute à l'amnio, un cariotype moléculaire/une analyse puce ADN. Pour garantir la pertinence du cariotype, le sang des 2 parents est nécessaire. Ma moitié se fait un peu charrier par la sage-femme. Il a l'air toujours aussi endormi qu'il y a quelque temps, et pas très frais devant l'aiguille...Étrangement, je suis contente de cette prise de sang, on est ensemble, on est tous les 2 face aux examens...A deux, quoi qu'il se passe par la suite, on sera plus fort!

Et après? Les résultats

Etant à 27 semaines, je peux regagner mon domicile immédiatement. Si j'avais effectué l'amnio la semaine suivante, j'aurais été gardée en hospitalisation 24h pour prévenir tout accouchement prématuré (?!?). On ne me prescrit pas ce jour-là d'arrêt de travail, je pourrais donc continuer ma vie comme si de rien n'était. Dans les faits, je suis en arrêt maladie depuis début février, merci la pubalgie. Je regagne donc mes pénates en claudiquant. Honnêtement, je ne sais pas comment j'aurais fait sans mon amoureux, suite au prélèvement, j'ai des douleurs côté droit (comme un bleu) tout l'après-midi. Je prends donc quelques spasfons arrivée à la maison, puis le soir au coucher.

La gynéco au bloc m' avait expliqué qu'il y aurait un FISH (examen qui permet de tester les 3 trisomies principales 13, 18, 21 en culture accélérée) mais que les résultats de l'amniocentèse ne seraient définitifs qu'au bout de 3 semaines. Quant au cariotype, l'analyse est plus fastidieuse, et les résultats devraient prendre de 3 à 7 semaines. Toujours est-il qu'on se revoit dans 3 semaines pour faire un 1er état des lieux. Entre-temps, on devra passer par la case, scanner pour le fœtus et nouvelle échographie pour voir l'évolution de mon petit bout.

L'amnio c'est beaucoup d'angoisse, pour un examen rapide, qui n'est certes pas sans conséquence ( 1/250 fausse couche) ni sans douleur. Mais c'est surtout la porte ouverte à une attente très lourde, qui peut vraiment faire basculer une vie...



13.3.16

Mon test du dépistage du diabète gestationnel - FAIT

Le succulent brevage à ingurgiter à jeûn..Mmiam
En début de semaine, j'ai du me rendre la mort dans l'âme dans un laboratoire d'analyses, pour procéder aux analyses mensuelles dans le cadre de la grossesse, agrémentée du petit plus spécial 5-6 mois (NFS plaquette, etc)...En prime du fait de ma bonne surcharge pondérale (comprendre un IMC supérieur à 32), j'ai du me soumettre au test du diabète gestationnel (= diabète de de grossesse).

Honnêtement, on ne mesure pas à quel point ce test peut être une réelle plaie pour les primipares.

On m'a enjoint de faire le test lors de ma consultation précédent l'amniocentèse il y a 10 jours. J'ai du attendre de rencontrer mon gynécologue habituel pour me faire expliquer la procédure (avaler d'une traite une solution de glucose, puis être ponctionnée de quelques micro-millilitres de sang pour voir comment mon organisme absorbe tout ce sucre).

Je suis arrivée groggy au laboratoire vers 7h45. Pas déjeuner, pas uriner. Pas les yeux en face des trous. Habituellement je ressors du labo, moins d'un quart d'heure plus tard. Là, il m'a fallu me fondre dans le décor, et je suis repartie avec quelques étoiles dans les yeux vers 10h30. Oui, oui, 10h30, soit presque 3h après y être arrivée.

Pour la petite histoire, j'ai du prendre un peu de temps pour tous les documents administratifs. J'ai en effet pris des renseignements sur les caryotypes que mon compagnon et moi devions passer, un peu avant l'amniocentèse. Au CHU, on nous avait en effet recommandé de faire les prélèvements tous les 2 en amont de celui du bébé. On a voulu tenter notre chance à notre laboratoire habituel, et j'ai bien failli me luxer la mâchoire lorsque la secrétaire m'a annoncé les conditions pratiquées dans son établissement:
- pas de prise en charge de la sécurité sociale, même en fournissant une ordonnance et une demande de consentement
- délai de 20 jours avant résultats ( ce qui me paraît honnête, puisque ce ne sont pas des analyses lambda)
- tarif de 1000€....
Initialement la secrétaire m'annonce un prix de 100€, puis retire ses lunettes, et confuse bredouille un..."heu, non désolée, je crois que chez nous, c'est en fait 1000€)...J'ai arrêté de respirer presque une minute entière....Dois-je rappeler qu'à ce moment-là, je n'avais toujours par uriner, ni avaler le moindre truc depuis 12h. J'ai du faire preuve de beaucoup de self-contrôle pour ne pas me liquéfier, et perdre des liquides par tous les orifices de mon corps....La pensée du "ma pauvre fille, trop pauvre pour ne pas pouvoir assurer pour les 1ers temps de ton bébé"....J'ai serré les fesses et les dents, et me suis posée dans le hall d'accueil du laboratoire pour reprendre mes esprits...Ces 2000€, c'est sûr, my man et moi, on ne les a pas. Il va nous falloir faire une quête auprès des beaux-parents, si tout ça se confirme....

Un laborantin m'a tiré de mes divagations pour me conduire en salle de prélèvement. Là, j'ai été sommée de boire tout le contenu d'une bouteille qui m'a paru énorme, et dans laquelle il avait pris le temps de mettre une paille. Benoîtement, je lui demande où sont le verre, et l'eau pour diluer une partie du breuvage qu'il me tendait. Et là, il lève les yeux au ciel...."Mais enfin madame, il faut que vous buviez l'intégralité de la bouteille! Pour que le test soit probant!...Devant ma mine déconfite, et mes aspirations lentes, il me somme d'y aller plus franco..."Non, mais on n'a pas 5 minutes pour le test, si on ne veut pas fausser les résultats, il faut que vous ayez fini à 10h20, alors il faut boire plus vite, s'il vous plait!"
Je me suis donc mis à aspirer le sirop gluant, autour de 75 cl supposé citronné, qui pour moi, avait le goût de la mort (depuis la grossesse, je me dédie du sucre), tout en rotant de dégoût toutes les 15 secondes. A ce moment-là, j'ai l'impression de me trouver dans la peau d'un bizut, qui doit ingurgiter une substance inconnue, une mélasse infâme. Je manque de me trouver mal. Pris de pitié, mon finalement gentil bourreau me propose une cuvette pour vomir, et un demi-verre d'eau ( format 20 cl, donc en fait quelques gouttes).
Il m'installe ensuite dans une micro-pièce dans laquelle trône un fauteuil de dentiste, et m'allume une micro-lumière. Il me prend quelques gouttes de sang, me propose une couverture, car il me voit (malgré mon teint chocolat) blêmir en quelques minutes. Il repassera dans quelques temps.

S'ensuit une attente qui me parait infinie. Je me sens confinée dans une pièce qui ressemble fort à un placard, j'ai soif et faim, et mon petit d'homme dans mon ventre me donne l'impression de jouer avec mes organes...Je ne reverrai plus mon laborantin, j'ai l'impression aux bruits qui me proviennent du couloir, qu'il y a beaucoup de monde qui défile au labo. Mais 60 min, puis 130 minutes plus tard, deux de ses collègues, qui me prennent encore quelques fioles de sang. J'ai l'impression qu'elle me prennent le peu d'énergie qui me reste. Je n'ai pas pris de lecture. Le livre que j'avais préparé est resté sur ma table. Tout ce que j'ai, ce sont mes échographies, mes échographies et mes ordonnances. Je scrute le profil de mon fils sur ces clichés radio en noir et blancs. Je me sens vraiment prise, envahies de bouffées d'amour, mais aussi d'inquiétude pour mon petit loup....Et si en plus des soucis déjà décelés, je développais ce satané diabète gestationnel, je pense que ce serait le pompon! Je souhaite encore protéger le plus possible mon petit d'homme...Je retiens donc ma respiration jusqu'à interprétation desdits résultats.
[....]
J'ai vu ma sage-femme 4 jours après, et elle m'a immédiatement rassurée, je n'ai pas développé de diabète, enceinte. Une menace de moins pour mon petit prince. En même temps, il me paraissait inconcevable d'avoir cette pathologie, au vu des rares moments où je mange des aliments sucrés.

Dans quelques jours, je ferai l'amniocentèse au CHU de Grenoble. Cet examen sera décisif pour la poursuite de ma grossesse. Gros enjeu, et déjà grosse frayeur.